La Sicile, carrefour des civilisations de la Méditerranée

 

[Présentation]  [Devoir]  [Correction]  [Documentation]
[Sommaire du site Pédagogique]  [Sommaire général]  [Droits d’auteur]  [Contact]

 

 

     Ce devoir s’inscrit dans la partie du programme de seconde intitulée " La Méditerranée au XIIe siècle "

 

 

 

PRÉSENTATION

 

*  Référence aux programmes°:

Histoire, 2: La Méditerranée au XIIe siècle.

 

*  Objectifs

 

 

*  Vocabulaire prérequis

Polythéiste, eunuque, cadi.

 

*  Mots clés

Islam, musulman, souk, mosquée, Coran, Messine, Cordoue.

 

 

 

DEVOIR

 

*  1. Le roi de Sicile Guillaume Ier (1154-1166) vu par un voyageur arabe

L’attitude du roi est vraiment extraordinaire. Il a une conduite parfaite envers les musulmans; il leur confie des emplois, il choisit parmi eux ses officiers et tous, ou presque tous, gardent secrète leur foi et restent attachés à la foi de l’Islam. Le roi a pleine confiance dans les musulmans et se repose sur eux dans ses affaires et de l’essentiel des préoccupations, à tel point que l’intendant de sa cuisine est un musulman.

À Messine, il a un château, blanc comme la colombe, qui domine le rivage de la mer. Il a un choix nombreux de pages et de femmes esclaves. Il n’y a point de roi des chrétiens qui soit plus splendide en sa royauté, plus fortuné, plus luxueux que lui. (...) Par l’éclat de sa pompe royale, par l’étalage de sa parure, il ressemble au roi des musulmans (...) Un autre trait que l’on rapporte de lui et qui est extraordinaire, c’est qu’il lit et écrit l’arabe (...)

On nous a ainsi raconté que cette île fut secoué d’un tremblemnt de terre, dont ce roi polythéiste(1) fut fort effrayé. Il parcourut alors son palais, où il n’entendit qu’invocations à Dieu et à son prophète, prononcées par ses femmes et par ses eunuques. Si ceux-ci manifestèrent quelque trouble à sa vue, il leur dit pour les rassurer: "Que chacun de vous invoque celui qu’il adore et dont il suit la foi !".

Ibn Djubayr, (voyageur et intellectuel originaire d’Al Andalus, 1145-1217), Voyages, 1184.
Traduction M. Gaudefroy-Demombynes.

 

(1) Les musulmans accusent les chrétiens, pour qui Dieu est la Sainte Trinité (le Père, le Fils et le Saint-Esprit), d’être polythéistes.

 

 

*  2. Palerme, capitale de la Sicile

Elle est, dans ces îles, la mère de la vie citadine unissant en elle deux beautés, richesse et éclat: elle a tout ce que l’ont peut souhaiter pour charmer l’ouïe et la vue, et pour réaliser une vie pleine et verdissante, belle et splendide, brillante, plaisante, elle apparaît en une vision ensorcelante; parmi ses places et ses espaces on imagine qu’elle est toute entière un jardin. Les rues et avenues y sont spacieuses; elles charment tous les regards par la brillante beauté de leur aspect. extraordinaire, elle a des édifices dignes de Cordoue: tous les bâtiments sont en pierre de taille appelée tuf. (...)

Les palais du roi sont rangés sur la poitrine de la cité, comme les colliers sur le cou de jeunes femmes aux seins arrondis; en ses jardins et ses hippodromes se succèdent plaisirs et jeux. Combien de closeries et de pièces d’eau, de pavillons de plaisance et de belvédères ce roi possède sans les habiter ! Combien il possède, dans ses quartiers, de couvents aux bâtiments, brillamment ornés dont les moines sont richement pourvus de larges censives et dont les églises ont des croix orfévrées d’or et d’argent. (...)

En cette cité, les musulmans conservent quelques restes de leur foi; ils fréquentent la plupart de leurs mosquées et ils y célèbrent la prière rituelle sur appel clairement entendu. Ils ont des faubourgs qu’ils habitent seuls, à l’exclusion des chrétiens. Les souks en sont fréquentés par eux, et ils en sont les marchands.

(...) Ils ont un cadi(1) devant lequel ils élèvent leurs procès; ils ont une mosquée principale où ils s’assemblent pour faire la prière et qu’ils ont grand soin d’illuminer en ce mois béni. Les mosquées ordinaires sont fort nombreuses, innombrables. Pour la plupart, elles servent de classes pour les professeurs de Coran.

(1) Cadi : juge religieux chez les musulmans.

Ibn Djubayr, Voyages, 1184.

 

 

 

*   3. Cathédrale de Monreale (Sicile), construite entre 1172 et 1185, Guillaume II, roi de Sicile, recevant du Christ la couronne royale.

 

 

 

*  Questions :

En vous appuyant sur les documents ci-dessus et vos connaissances, montrez quelles sont les relations entre les différentes civilisations méditerranéennes dans le royaume normand de Sicile et Italie du Sud au XIIe siècle. 


 

 

 

CORRECTION

 

     

*  Introduction

(Situer dans l’espace et le temps) La Sicile et l’Italie du Sud, au cœur du bassin méditerranéen, constituent un carrefour commercial et culturel. Au XIe siècle, cette région alors aux mains des Byzantins et des Arabes, est conquise par des chevaliers normands. Une aristocratie normande et catholique domine donc une population composite appartenant à plusieurs civilisation : latine (italiens et normands), byzantine (grecs), arabe et de juive. (Problématique) Quels sont les relations entre ces différentes civilisations dans le royaume de Sicile au XIIe siècle ? (Annonce du plan) Quelles sont en particulier les relations entre Latins et Musulmans, et entre Latins et Grecs ?

 

 

*  A) Les relations entre latins et arabes

(Présentation des deux premiers documents) Le premier et le second document sont extraits d’un récit de voyage, rédigé en 1184 par un intellectuel arabe, Ibn Djubayr, originaire d’Al Andalus, c’est à dire de l’Espagne musulmane. Dans le premier document Ibn Djubayr décrit le roi de Sicile d’après ce qu’il a vu et ce qu’il a entendu lors de son passage en Sicile, en 1166 ou peu avant.

Ce qui étonne Ibn Djubayr c’est que le roi Guillaume premier de Sicile se comporte comme un souverain musulman : " Il ressemble au roi des musulmans ". En effet le roi lit et écrit l’arabe, possède un harem de femmes gardées par des eunuques, choisit ses officiers et son cuisinier parmi les musulmans, et habite dans des palais avec des jardins à la mode arabe.

Dans le second document Ibn Djubayr décrit la ville de Palerme, capitale du royaume de Sicile. Il s’émerveille de sa beauté et de sa richesse et la compare à Cordoue, ancienne capitale d’Al Andalus dont il est originaire. Il dit que la ville compte de nombreux couvents, églises et mosquées tous richement décorés. Il précise que les musulmans y constituent une communauté autonome avec ses propres lois, vivant à l’écart des chrétiens. En effet, les musulmans exercent librement leur culte, possèdent une grande mosquée, de petites mosquées servant d’école coranique, et un tribunal présidé par un cadi, c’est à dire un juge religieux.

Ces deux documents montrent que les rois de Sicile pratiquent non seulement une grande tolérance vis à vis des Musulmans, mais aussi qu’ils ont adopté une partie du mode de vie des Arabes. Cela a de quoi étonner ce voyageur musulman, car à l’exception du roi de Castille à Tolède, les souverains catholiques ne tolèrent pas les Musulmans, n’adoptent pas leur mode de vie quand ils ne les combattent pas en Espagne ou en Terre-Sainte.

 

 

*  B) Les relations entre les Latins et les Grecs

Présentation du document). Ce dernier document est une mosaïque décorant la cathédrale de Monreale (Sicile), datant de la fin du XIIe siècle. Elle représente le roi de Sicile, vêtu comme un empereur byzantin, recevant du Christ en majesté la couronne royale. La légende en latin précise qu’il s’agit de Guillaume II. En dessous sont représentés des blasons qui doivent être aux armes des rois de Sicile et des croix latines.

On retrouve donc dans cette mosaïque probablement due à un artiste byzantin des éléments appartenant à la culture grecque (représentation du Christ et du roi), et à la culture latine (inscription, blasons, croix latine). Ainsi dans cette œuvre d’art les deux cultures grecque et latine ont fusionné. De manière plus générale dans les édifices du douzième siècle sicilien les cultures grecque, latine et arabe ont fusionné.

 

 

*  Conclusion

(Réponse à la problématique). Ainsi, la Sicile apparaît au XIIe siècle comme un lieu de tolérance religieuse et de fusion des cultures méditerranéennes dans certains domaines tels que l’art, alors qu’ailleurs ces cultures s’ignorent généralement voire se combattent au nom de la religion.

(Nuances et élargissement). On peut cependant se demander si cette tolérance n’est pas limitée. Elle apparaît surtout comme une volonté des rois de Sicile et on peut se demander si les différentes communautés en faisaient de même. D’ailleurs Ibn Djubayr note que les Musulmans vivaient séparés des Chrétiens. Et des incompréhensions subsistent de part et d’autre : Ibn Djubayr qualifie Guillaume premier de polythéiste, se basant sur la croyance des Chrétiens en la Sainte Trinité. Est-ce que les Latins n’ont pas fini par exclure les autres cultures et religions en Sicile ?

 

 

DOCUMENTATION

 

[Bibliographie]  [Vidéos]  [Liens]  [Cartes]  [Haut de page]

 

 

Bibliographie

 

* CASSATA (Giovanella), COSTANTINO (Gabriella), SANTORO (Rodo). - Sicile romane, La Pierre-qui-Vire : Zodiaque, 1986, 319 p. (Collection " La nuit des temps ", n° 65).

* BRESC (Henri), BRESC-BAUTIER (Geneviève), (dir). - Palerme 1070-1492, mosaïque de peuples, nation rebelle : la naissance violente de l'identité sicilienne, Paris : Éditions Autrement, 272 p. (Collection Mémoires, n° 21.)

 

 

Vidéos

 

*  

 

*  

 

 

Liens

 

*  Al-Idrisi, La Méditerranée au XIIe siècle. Une exposition virtuelle de la Bibliothèque nationale de France sur le géographe arabe al-Idrisi, auteur d'une Géographie commandée par le roi Roger II de Sicile.

http://classes.bnf.fr/idrisi/index.htm

 

*  Un site remarquable: Les Normands, peuple d'Europe, le patrimoine normand européen, Xe-XIIe siècle.

http://www.mondes-normands.caen.fr/

 

*  Un cours de Jean Braustein : la Méditerranée au XIIe siècle dont une présentation sur la Sicile Normande utilisant le site ci-dessus.

http://membres.lycos.fr/jbraun/HG/Seconde/Mediterranee.html

 

 

Cartes

 

*  

 

 

 

[Accès au sommaire]

 

[Droits d’auteurs]

 

Page réalisée par Gauthier LANGLOIS

Extraite du site Pédagogique à l’adresse :
< http://paratge.chez-alice.fr/devoirs/sicile.htm >
Dernière mise à jour : 25 décembre 2002